Recueillement

Mèl avait pleuré tout le long du chemin. Elle courut dans tous les couloirs du château afin de trouver la sortie, puis prenant la porte elle partit dehors. Marchant pendant un moment pour aller jusqu'à la pierre de la mémoire, elle ne put s'empêcher de repenser à cet humain. L'édifice était impressionnant et Mèl était toujours aussi émerveillée de le voir. Ce grand rubis de marbre faisait au moins cinquante fois sa taille, en exagérant un peu, mais il y avait tellement de noms inscrits dessus qu'il fallait de la place. La jeune elfe regarda et chercha attentivement le nom de son père et de son grand-père sur cette pierre. Cela fut facile à trouver du fait qu'elle y allait souvent elle savait où ils se trouvaient, par chance ils étaient à sa hauteur.

* Athhuir et Cirtoranel Shaïma ... papa, grand-père ...*

Elle approcha ses doigts tremblants sur la pierre, les larmes coulant le long de son visage et tombant sur le sol sec, elle effleura les noms graver qui lui était cher et prononça quelques paroles incompréhensibles, une sorte de prière ou langage ancien des elfes le Sindarin, que les membres de sa famille avaient eu l'habitude de prononcer. Bien sûr avec le temps que la jeune elfe à passer toute seule, elle ne se souvient plus de cette langue à l'exception de quelques mots qu'elle emploie souvent.
Toujours aussi triste quand elle va voir cet édifice, Mèl s'agenouilla baissa la tête et comme à son habitude, leur parler dans ses pensées, leur racontant toute sorte de choses.

*J'y suis arrivée ! Je suis à Ivalis pour apprendre et pour que le me forme afin de combattre ces êtres ridicules et cupides. Je vais tous les jours au cimetière pour voir Maman et Eloythir. Vous me manquez tous ... j'ai ... pourquoi vous êtes partis ... j'avais besoin de vous ... ce n'est pas juste ... Quand je vous aurai vengé on se reverra ... *

Les larmes coulaient toutes seules de ses yeux fermés, elle sera les points de toutes ses forces comme pour se soulager de ne pas avoir pu sauver sa famille. Elle attendit de pouvoir ressentir ses proches avant de partir. Mèl, pour ne pas les oublier, c'était mis en tête qu'ils l'entendaient et essayaient de la toucher pour la rassurer, ou de lui parler. Puis elle resta là, attendant un signe, par terre, seule, loin des autres élèves, ne voulant entendre aucun son sauf celui de l'air.

A la fin du repas de bienvenue, Guardo qui s’apprêtait à rejoindre sa salle s’arrêta : une jeune Elfe pleurait devant lui. Elle marchait assez vite. Il se remémora ses moments de solitudes lorsque ses proches étaient morts devant ses yeux. Il avait eu de la chance de trouver des amis en qui compter car il avait repris espoirs. Il décida de la suivre ; il ne fallait pas la laisser toute seule sinon elle risquait de faire des bêtises du à la colère. Il imaginait pleinement les douleurs qui avait du remonter lorsque le général Syryn s’était présentait. Guardo aussi avait eu du mal à accepter le fait que le professeur d’arme soit un humain mais il avait confiance en Tika donc, confiance en cet homme.

Il ne se rendit compte du lieu ou la malheureuse se rendait que lorsqu’ils furent arrivés : La pierre de la mémoire. Il la laissa méditer un peu. Il savait à quel point ce silence était sacré. Ce fut seulement lorsque la jeune Elfe se laissa tomber en pleurant que Guardo intervint. Il s’approcha à un mètre d’elle et commença :

« Désolé pour tes proches. Si je peux faire quoi que ça soit dit le moi. Je comprends ce sentiment que tu dois ressentir envers les humains : la haine, la vengeance et surtout, même si tu ne dois pas encore t’en apercevoir, tu espères la paix. »

Il s’arrêta pour laisser la jeune elfe le temps d’assimiler et de réfléchir. Il attendit même si cela durerait une éternité, il attendrait.

Perdu dans ses souvenirs une voie vint la perturber et la fit sortir de ses pensée, en sursautant. La jeune elfe se croyant toute seule, fut étonné d'entendre quelqu'un. Elle se retourna, les yeux mouillés par les larmes et rouge, regardant l'elfe qui se tenait à côté d'elle. Elle l'observa et se souvenue qu'il faisait partie des professeurs. Elle l'écouta attentivement, mais ses paroles avaient du mal à passer sans que Mèl ressente une tristesse horrible dans son coeur. Elle retourna la tête et ferma les yeux. Elle voyait encore son petit frère, Eloythir, sa mère, Elinnor en train de jouer et de s'amuser tous les trois, puis son père, Athhuir, et son grand-père, Cirtoranel, venir après vers eux. Tous ces flashs de souvenir la faisaient souffrir comme quand on plante une lame dans son coeur. Ensuite elle essaya de se relever prenant appuie sur le sol, les yeux ouvert.

*Pourquoi est-il venu me parler ... les profs et leur pitié, pff ... qu'il la garde sa salive ... *

Mèl savait très bien, au fond d'elle, qu'il avait raison, la paix serait la meilleure chose qui pourrait arriver, mais jamais elle n'y avait songé ni même pensée tan sa haine prenait le dessus sur elle. Se redressant sur ses jambes, elle regarda Guardo droit dans les yeux, avec son air méchant fronçant les sourcils, pendant un bon moment. Elle vit en lui une tristesse, aussi grande qu'elle, mais pas aussi haineuse, et compris de suite qu'il avait sûrement eu lui aussi de la famille décédée à cause de cette bataille. Ils étaient tous deux dans le même cas, mais après tout, qui n'y était pas. De nos jours tous avaient des proches victimes de cette guerre atroce.
Mèl n'avait jamais reçu de l'aide de personne et ne savait pas vraiment comment réagir face à cet elfe. D'un côté elle voulait accepter de lui parler, mais ce côté n'existait plus ou n'était pas assez fort, et de l'autre elle ne voulait pas le voir. Finalement elle décida de l'ignorer. Elle avança vers Guardo, toujours en le fixant, et s'arrêta à son niveau.

« Je n'ai besoin de personne ! »

Puis fit quelque pas en direction du couloir, sans se retourner.

Dire qu’il ne s’y attendait pas serait mentir mais il fut tout de même surpris de voir tant de haine dans son regard. C’était dangereux : La haine conduit le plus souvent au génocide. Certes, les humains ne s’étaient pas gênés eux d’essayer d’éradiquer les peuples magiques, mais se rabattre à leur niveau serait honteux. Il fallait calmer l’envie de vengeance de celle-ci. Guardo n’était pas un grand philosophe mais il essaierait. Mèl s’approcha de lui en le défiant du regard. Le message était clair : essaye de m’arrêter si tu peux. Seulement ce n’était pas de la moquerie mais plutôt une demande d’aide involontaire. Elle s’était trahie. Derrière ses allures de guerrière solitaire se cachait une âme profonde encore inexploité. Le mieux serait de la faire craquer. Mais comment ? Soudain la jeune elfe rompit le silence ;

« Je n'ai besoin de personne ! »

Puis elle parti en direction du château. Stupéfait, Guardo se retourna et la rappela.

« Ne te voila pas la face jeune elfe. Je sais ce que tu veux vraiment et ce que tu vaux réellement. Ne gâche pas ta vie sous un désir de justice. Penses-y et si tu as besoin de parler, tu sais où me trouver. »

Qu’espérait’ il ? Qu’elle oublie son désir de vengeance ? Impossible, mais peut être émousser cette épée vengeresse. Il attendit une quelque conque réaction, même si il doutait un changement direct dans l’attitude de celle-ci.

Entendant sa voix et ses paroles Mèl s'arrêta. Il était vrai qu'elle ne pouvait pas passer sa vie à préparer sa vengeance, cela la lui gâcherait plus qu'autre chose, mais après tout, se dit elle, sa vie était déjà noyée et sali par ces Humains, alors pourquoi ne pas continuer. Elle s'était tant préparée rien que pour ça, pourquoi tout gâcher ou changer ses plans alors qu'elle était arrivée en si bon chemin. Mèl se décida à se retourner, regardant son interlocuteur, de la même race qu'elle, essayant de la convaincre de quelque chose qu'elle ne voulait pas entendre. De l'aide, ce n'était pas maintenant qu'elle en avait besoin, mais avant quand elle n'avait plus personne à qui se retourner. Mais personne n'était là.
Elle était à deux doigts des lui dire ou lui demander quelque chose, mais elle préféra ne rien faire, tout se mélangea dans sa tête.

* De toutes façons il ne me comprendrait pas ... *

Elle continua de fixer Guardo, tout en réfléchissant, les yeux remplies de tristesse, puis baissa la tête, regardant ses pieds, se retourna et avança d'un pas franc, vers le couloir qui menait au château, laissant tout seul, la seule personne qui était venue vers elle. Malgré leurs opinions différents, Mèl regretta son geste, et le faite de ne pas lui avoir demandé de l'aide, alors qu'il lui proposait si gentiment, mais trop fière et ne voulant pas reconnaître ses torts, elle ne pouvait revenir en arrière.

A sa grande surprise, Mèl se s’arrêta puis se retourna. Mais ce fut une fausse joie. Elle n’avoua rien et ne demanda rien. Elle se contenta simplement de l’observer. Guardo eu un pincement au cœur lorsqu’il aperçut les yeux de la jeune fille. Comment faisait’ elle pour ne pas pleurer ou pour ne pas devenir folle avec une tristesse pareille ? Il opta pour la réponse la plus plausible : La rage de vaincre. Il serait dur de la dissuader.

Mais maintenant elle fît un geste qui encouragea l’elfe noire : elle baissa les yeux. Un moment de réflexion où tout pouvait se jouer. Il attendit plein d’espoir qu’elle lui demande conseil, mais cela n’arriva pas. Puis finalement elle reparti vers le château. Cela ne servait plus à rien de l’embêter aujourd’hui sur un sujet difficile. Il fallait la laisser réfléchir. Guardo parti donc à son tour vers le château en arpentant et en admirant le silence du couloir.